Marx, Karl & Jenny & Engels F. | Lettres à Kugelmann
Marx, Karl & Jenny & Engels F. | Lettres à Kugelmann | Éditions sociales (Paris),1971,1 vol. ; 269 p. ; 11 x 17.5 cm ;,(12B3)
Broché en bon état ; couverture un peu défraîchie ; ... traduction de l'allemand et de l'anglais, présentation et notes de Gilbert Badia ; Collection : Classiques du marxisme Comprend : L'Etat et la révolution ; Pourquoi faire un sort particulier à quelques dizaines de lettres que Karl Marx et ses proches écrivirent de 1862 à 1874 à un correspondant allemand, aujourd'hui presque oublié, alors que nous avons entrepris par ailleurs la publication de toute la correspondance de Marx et d'Engels actuellement connue ? Pourquoi rééditer à part ces Lettres à Kugelmann ? C'est que cette correspondance nous fournit des précisions sur des événements et des questions d'importance capitale et en particulier sur la Commune de Paris, sur la conception marxiste de l'État, sur les conditions et les tâches de la révolution. Lénine ne s'y était pas trompé qui écrivit en 1907 une préface enthousiaste à l'édition russe de ces lettres et en commenta de nouveau plusieurs passages dans L'État et la révolution. Avant de parler de la France, c'est surtout de questions économiques et de problèmes allemands que Marx traite dans ces lettres à Kugelmann. Nous verrons plus loin comment l'amitié naquit et se développa entre les deux hommes. Le point de départ en fut l'admiration de Kugelmann pour les travaux scientifiques de Marx, alors fort peu connus et très peu diffusés. Admiration active et efficace, à laquelle Marx fut d'autant plus sensible qu'elle contrastait davantage avec l'hostilité, le silence, l'ignorance des spécialistes et même de certains amis politiques. Du coup, Marx non seulement va se montrer plus confiant, plus libre qu'avec la plupart de ses correspondants, mais surtout il va se donner la peine d'expliquer ce qu'il fait et ce qu'il pense, de motiver et de développer ses jugements sur des questions économiques ou des événements historiques. Quand Marx écrit à Engels, beaucoup de choses vont de soi, inutile d'enparler. Entre les deux amis existent des liens si étroits, si anciens, une telle connivence, une telle communauté d'idées, que souvent on n'apas besoin de s'expliquer longuement. Ces lettres sont souvent allusives. Il en est autrement avec Kugelmann, dont Marx est à la fois l'ami et l'obligé, avec Kugelmann qui pose toujours beaucoup de questions et dont les jugements politiques, souvent critiquables, suscitent des réfutations et des explications plus détaillées. Plus, les questions de Kugelmann l'incitent parfois à préciser sa position (par exemple à l'égard de Lassalle). Le premier sujet sur lequel cette correspondance nous éclaire, c'est la genèse et l'édition du Capital. Dans sa lettre de décembre 1862, celle qui ouvre ce recueil, Marx explique le plan de l'ouvrage projeté et les rapports de celui‑ci avec son premier travail économique d'envergure, la Contribution à la critique de l'économie politique, parue en 1859. A ce moment‑là il espère que l'ouvrage pourra être prêt dans quelques mois et pense qu'il sera de dimension modeste (30 placards). Il envisage déjà une traduction française dont Élie Reclus pourrait se charger. La maladie ‑ pendant toute cette période, que de lettres où il est question de furoncles, d'anthrax qui le font souffrir et l'empêchent de travailler ! ‑, le travail qu'exige l'Internationale, avec sa deuxième lettre, en novembre 1864 Marx envoie à Kugelmann six exemplaires de l'Adresse inaugurale qu'il a rédigée et qui vient d'être adoptée ‑ tout cela retarde considérablement l'entreprise. Il voulait s'atteler à la « mise au net » du Capital dès 1863, il ne le publiera, on le sait, qu'en 1867. C'est aussi la période où, comme il le dit, « sa situation économique atteint un point critique ». Elle est quasi désespérée. Les dettes se sont accumulées. Engels ne cesse de lui venir en aide, mais cette aide ne peut suffire à faire vivre toute la famille. Et Marx se refuse à prendre une « occupation pratique » parce qu'il estime plus important « de travailler pour la cause » et de terminer son ouvrage, auquel, à certains moments, il consacre ses jours et ses nuits : « J'étudie le jour et j'écris la nuit. »L'achèvement de cet ouvrage lui tient tellement à cœur, le préoccupe si fort qu'il en délire et parle en dormant de tel ou tel chapitre qui lui trotte par la tête, lorsqu'au début de 1866, un nouvel et grave accès de furonculose est venu interrompre l'ultime mise au point (lettre de Mme Marx du 26 février). (12B3)"
Fiche technique
ND00001569
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