Tchernichewsky. la possession communale du sol

Paris, Marcel rivière, 1911. Etudes sur le devenir social IX. Traduction et notice biographique de Mme Laran-Tamarkine. Petit in-12, broché, 265 p. Très bon état. pages non coupées. 2eme édit. française incluant les lettres sans adresse. _x000D_ Traduction qui a le charme d’un original ; ouvrage russe où tout convient à l’esprit français ; collection d’articles qui datent de 1858,de 1859 et de 1862 et qui forment un livre d’une puissante actualité. Une œuvre si pleine d'idées et de faits ne s’analyse pas en quelques lignes; et d’autre part les sujets qui y sont traités sont si vastes, si complexes et si variés que le plus bref des exposés en serait encore trop long à cette place. Qu’il nous suffise de signaler, comme particulièrement remarquables: les pages où l’écrivain réfute les deux arguments si souvent invoqués contre la possession communale du sol et contre les systèmes socialistes en général : l’argument de la « régression » (I) et l’argument des « transitions nécessaires »> (2) — ; le deuxième article tout entier où, traitant de l’étendue des limites normales de l’intervention de l’Etat dans la vie économique, l’auteur exerce toute la puissance de sa dialectique habile et de son impitoyable ironie sur les conceptions étroites des « économistes arriérés » de France ; — dans le troisième article une pénétrante analyse de l’« Asia-tisme russe » (I) ; —dans les Lettres sans adresse enfin, les passages où l’auteur retrace les destinées du peuple russe à travers l'histoire de la Russie (2), les conséquences de la guerre de Crimée pour l’évolution intérieure de l’Empire (3) le rôle de la noblesse dans le mouvement des réformes de 1860 (4), enfin les beautés du régime bureaucratique (5). Mais il faut tout lire si l’on veut apprécier comme il le mérite l’art avec lequel Tchernichewski sait allier dans la critique sociale ou dans la discussion philosophique la poésie à la familiarité, l’esprit à l’éloquence ; et il faut féliciter la traductrice d’avoir fait connaître au public français ce livre qui donne à la fois, en si peu de pages, une si haute idée des capacités de l’esprit russe, et une impression si vive, si impartiale des vices du régime tzariste. G. Weulehse. (D2)