Revue Atlantis N°045 / 1933 / La Lémurie / REIMPRESSION
Revue Atlantis N°045 / 1933 / La Lémurie - 32 p. , agrafé, couv. souple. / REIMPRESSION
Sommaire :
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La Lémurie
Introduction : La Lémurie, continent disparu du Pacifique, est comparée à l’Atlantide. Son existence, proposée vers 1830 par le zoologiste Sclater, expliquerait la présence de lémuriens (primates) à Madagascar et en Asie du Sud-Est. Le nom "Lémurie" évoque aussi les âmes des morts (lemures en latin), suggérant un lien avec une catastrophe ancienne.
Exploration littéraire et scientifique :
- Wilfrid Lucas, poète, a popularisé la Lémurie dans son roman La Route de lumière (1927), décrivant une civilisation idéale.
- Des savants comme Haeckel et Basedow ont évoqué ce continent comme berceau de l’humanité, avec des migrations vers l’Australie et l’Asie.
- La Lémurie aurait disparu à l’époque miocène, laissant des vestiges dans les îles du Pacifique et à Madagascar.
Traditions et légendes :
- Les Malgaches conservent des récits d’une cité mythique, Cerné, évoquant des liens avec des traditions slaves (Tcherna = "noir").
- Les œuvres de Scott-Elliot, Sinnett, et Steiner explorent la Lémurie via des approches théosophiques ou occultes, mais manquent de preuves tangibles.
Conclusion : La Lémurie fascine une élite, mais le grand public reste indifférent, préférant les récits fantastiques aux recherches historiques. Les fouilles futures pourraient révéler des indices supplémentaires.
Un récent ouvrage sur la Lémurie
Ouvrage de Lewis Spence (The Problem of Lemuria, 1932) :
- Spence analyse la Lémurie à travers l’archéologie, les traditions orales, les mythes, l’ethnologie, et la géologie.
- Il distingue deux périodes :
- Gondwana (ère secondaire) : Continent géant incluant la Polynésie et l’Australie.
- Lémurie (ère tertiaire) : Plus restreinte, excluant la Polynésie et l’île de Pâques (liée au continent Pan).
- Les légendes polynésiennes mentionnent une race blanche aux cheveux clairs, peut-être venue d’Asie, et des récits de déluges similaires à la Genèse.
- Les tablettes de l’île de Pâques (écriture hiéroglyphique) pourraient être des aide-mémoire religieux ou généalogiques.
Hypothèses :
- Spence suggère un lien entre l’Atlantide et la Lémurie via l’Amérique, expliquant des similitudes culturelles (coiffures, momification).
- Les statues de l’île de Pâques et les Pakaopa (monuments) posent la question de leur origine : une civilisation antérieure à l’arrivée des Polynésiens ?
Critique : L’auteur souligne le mystère persistant autour de la Lémurie, plus complexe que l’Atlantide en raison de l’absence de sources écrites comme le récit de Platon.
Les origines mystérieuses des habitants de l’île de Pâques
Problématique : L’île de Pâques, isolée dans le Pacifique, a été habitée en deux vagues :
- Une civilisation inconnue, disparue brutalement, auteur des statues colossales.
- Des Polynésiens arrivés il y a 600–900 ans, apportant une écriture hiéroglyphique sur des tablettes de bois.
Découvertes récentes :
- G. de Hévesy a révélé que l’écriture de l’île de Pâques ressemble à celle de la vallée de l’Indus (civilisation de Mohenjo-Daro, ~3000 av. J.-C.), suggérant un lien entre les deux régions malgré leur éloignement.
- Les tablettes, lues en boustrophédon (alternance de lignes droite/gauche), pourraient être des registres généalogiques ou magiques.
Questions en suspens :
- D’où viennent les premiers habitants, sculpteurs des statues ? Leur ostéologie et leur culture diffèrent des Polynésiens.
- Les seconds envahisseurs (Polynésiens) ont-ils apporté cette écriture depuis l’Indus, ou l’ont-ils trouvée sur place ?
- Les motifs artistiques (oreilles allongées, symboles d’oiseaux) suggèrent des échanges culturels avec la Mélanésie.
Théories :
- Une migration aryenne depuis l’Indus vers le Pacifique, avec des escales en Asie du Sud-Est et en Mélanésie, expliquerait les similitudes culturelles.
- Les statues et les Pakaopa pourraient être l’œuvre d’une civilisation disparue, peut-être liée à la Lémurie.
Les tablettes hiéroglyphiques de l’île de Pâques
Découverte de G. de Hévesy :
- Les tablettes en bois, couvertes de hiéroglyphes, ont été découvertes il y a 60 ans. Une quinzaine sont dispersées dans des musées (Londres, Berlin, Washington).
- Leur écriture, similaire à celle de la vallée de l’Indus (civilisation de Mohenjo-Daro), suggère un lien entre ces deux cultures distantes de 25 000 km.
- Les signes représentent des hommes, des animaux, et des objets, avec une lecture en boustrophédon.
Interprétations :
- Hypothèse de Hévesy : Ces tablettes seraient des registres généalogiques ou des textes religieux.
- Origine : Elles dateraient du néolithique et pourraient être à l’origine des écritures hiéroglyphiques et alphabétiques.
- Les statues de l’île portent des signes différents, indiquant une civilisation antérieure.
Implications : Cette découverte remet en question les théories sur l’origine asiatique des civilisations. L’Atlantique et la Méditerranée (via Poséidon et le taureau sacré) restent des foyers culturels majeurs avant 4000 av. J.-C.
Société d’Ethnographie de Paris
Séance du 3 décembre 1932 :
- Robert J. Casey propose une origine chaldéenne pour les Polynésiens, migrant via l’Inde, la Malaisie, et Tahiti jusqu’à l’île de Pâques.
- Vigouroux rappelle les traditions maories (Nouvelle-Zélande) évoquant des migrations depuis Hawaiki au XIVe siècle.
- Les Morioris (peau claire, cheveux lisses) et les Pascuans à traits mélanésiens compliquent les théories sur les origines polynésiennes.
Réflexions à propos du temps présent
Analyse de Rabindranath Tagore : Les sociétés se divisent entre :
- Agriculteurs sédentaires (symbolisés par Caïn), attachés à la terre.
- Nomades ou marchands (symbolisés par Abel), mobiles et ouverts aux échanges.
Conflits historiques :
- L’industrialisation et le colonialisme ont exacerbé les tensions entre ces deux modèles, menant à des crises économiques (chômage, concentration des richesses).
- Le gnosticisme (connaissance + expérimentation) et le christianisme (sacrifice) incarnent ces oppositions philosophiques.
Solutions proposées :
- Rééquilibrer agriculture et industrie, en évitant l’asservissement de l’une à l’autre.
- Une base spirituelle (religieuse ou philosophique) est nécessaire pour reconstruire la société, combinant connaissance et sacrifice.
L’avènement de Ganimède
Symbolisme du Verseau :
- Le mois du Verseau (21 janvier–21 février) symbolise la justice, valeur centrale des discours politiques et religieux modernes.
- Des événements comme la proposition française à la SDN (5 février 1932) ou les vœux du Nonce apostolique pour une "justice sociale" illustrent cette aspiration.
- La Cour internationale de justice (La Haye) incarne cet idéal, mais des résistances égoïstes pourraient mener à des crises purificatrices.
Transition astrologique :
- Le passage du soleil dans le Verseau (vers 2160) marquera une ère nouvelle, comme le christianisme l’a fait avec les Poissons.
- Les bouleversements actuels (guerres, cataclysmes) pourraient précéder cette transition, selon des cycles de 2000 ans liés aux signes zodiacaux.
En Éthiopie
Ouvrage du P. Azaïs et R. Chambard :
- Exploration archéologique en Éthiopie (1921–1926), révélant des dolmens, des menhirs, et des colonnes phalliques.
- L’Éthiopie, jamais conquise, conserve des traditions anciennes :
- Monothéisme (culte du taureau, comme en Atlantide).
- Légende de la reine de Saba (lien avec Salomon et l’Arche d’Alliance).
- Similitudes avec le druidisme (culte des arbres, gui sacré).
Lien avec l’Atlantide :
- Pline l’Ancien et Diodore de Sicile associent l’Éthiopie à l’Atlantide ("Atlantie").
- Les traditions éthiopiennes (comme le Livre d’Énoch) et le Zohar juif pourraient préserver des fragments de la sagesse atlantéenne.
Note complémentaire
Sources antiques :
- Pline, Diodore de Sicile, et Homère mentionnent une Éthiopie mythique, distincte de l’actuelle, liée à l’Atlantide.
- Le nom "Éthiopie" (visage brûlé) évoque une race rouge ou noire, peut-être apparentée aux Atlantes.
- Jéthro (beau-père de Moïse), prêtre éthiopien, aurait transmis des connaissances atlantéennes aux Hébreux, intégrées dans la Kabbale.
L’Atlantide et le Tritonis occidental (Jean Gattefossé)
Thèse de Gattefossé :
- Le Sahara, autrefois fertile, aurait abrité les Hyperboréens chassés par les glaces.
- Le lac Tritonis (mentionné par Diodore de Sicile) correspondrait à l’Atlantide, avec des îles reliées à l’Afrique.
- Les perles néolithiques de Tombouctou et les gravures rupestres (béliers, taureaux) appuient cette hypothèse.
Débat géographique : Deux théories s’opposent :
- Atlantide en Afrique du Nord (Gattefossé, Berlioux).
- Atlantide dans l’Atlantique (théories classiques). Les fouilles futures dans le Djouf (Sahara) pourraient trancher.
Bibliographie
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Abel Rey (La Science orientale avant les Grecs) :
- La Grèce a hérité de connaissances scientifiques (mathématiques, astronomie) de l’Égypte et de la Mésopotamie, non de l’Extrême-Orient.
- Les Cariens (liés à Poséidon) pourraient avoir transmis ces savoirs.
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Mario Meunier (Femmes pythagoriciennes) :
- Présente des fragments de lettres de Théano, Périctioné, et d’autres disciples féminines de Pythagore, soulignant leur rôle dans la transmission de la doctrine.
- Évite les controverses religieuses, se concentrant sur les textes historiques.
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Ancilla (A. B. C. D. spirituel) :
- Explore la dualité entre l’arbre de la Science (Bien/Mal) et l’arbre de Vie, central dans la Tradition.
- Propose une interprétation symbolique du soleil (Dieu vs. Satan) et des sens spirituels (comme l’Aisthésis).
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Autres ouvrages :
- Du menhir à la croix (A. Savoret) : Lien entre druidisme et christianisme.
- Introduction à la chiroscopie médicale (Mangin-Balthazard) : Diagnostic par les lignes de la main.
La doctrine atlantéenne
Tradition primitive :
- Diodore de Sicile et Aveneau de La Grancière évoquent une école religieuse atlantéenne, centrée sur Ouranos (Ciel) et Gaïa (Terre), avec un culte d’Athéné (déesse solaire) transmis aux Grecs et aux Égyptiens.
- Le nom Aten (disque solaire) désigne un Dieu unique, précurseur du monothéisme.
Questions et réponses
- Accessibilité de la revue :
- Certains lecteurs trouvent Atlantis complexe, mais la synthèse des connaissances traditionnelles exige un effort intellectuel.
- Équilibre entre connaissance (Agni) et amour (Aor) :
- La mystique (Aor) est universelle et spontanée, tandis que la métaphysique (Agni) doit être enseignée pour contrer le déclin de la foi.
- Occident vs. Orient :
- La revue privilégie les traditions occidentales, mais reconnaît des points communs avec la Chine (Taoïsme) et rejette les doctrines indiennes, jugées trop abstraites.
L’Atlantide à la Sorbonne
Séance du 4 février 1933 :
- Louis Toutain (professeur) : Étude sur Poséidon, roi de l’Atlantide, dans la mythologie grecque.
- Georges Poisson (Société préhistorique) : Lien entre l’Atlantide et la préhistoire. Cette séance marque une reconnaissance académique des travaux d’Atlantis, fondée en 1926.
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