Les Réprouvés(die Geächteten")
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Salomon, Ernst von | Les Réprouvés(die Geächteten"), traduit de l'allemand par Andhrée Vaillant et Jean Kuckenburg"

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Salomon, Ernst von | Les Réprouvés(die Geächteten"), traduit de l'allemand par Andhrée Vaillant et Jean Kuckenburg | Guy Boussac (Paris),1947,1 vol. 16x25 cm, 374 p. ;,(13D2)"
demi-reliure basane fauve à coins. Couv. souple conservée. Très bon état. Est joint une critique imprimée sur 2 pages et demi signée V.-H. Debidour (texte ci-dessous). Edition orignale de la traduction On vient de rééditer, fort opportunément, ce récit autobiographique, dû à un activiste-nationaliste allemand des années 1919-1922. Il avait déjà paru en français, dans les Feux Croisés, avant guerre : sachons gré au nouvel éditeur qui nous rend l’occasion de méditer une œuvre si puissante et si riche d’enseignement. La narration s’ouvre aux premiers jours de novembre 1918 : un jeune « cadet » de dix-sept ans vient d’être brutalement démobilisé ; la carrière militaire, l’espoir de se battre, auxquels il s’est voué corps et âme, sont brisés par l’effondrement national. Et aussitôt se* cristallisent, dans cette âme violente, les sentiments de rancune, de dépit, d’orgueil, de haine, de révolte qui, pendant quatre années, gouverneront tous ses actes. Et ces sentiments, il les nourrit à la fois pour son compte et pour celui de l’Allemagne ; ainsi se concentre en lui, comme chez ses camarades, une terrible force explosive : une sorte d’anarchisme et de nihilisme personnels interfère avec une passion exaspérée de la lutte militaire et patriotique. Révolutionnaire intégral, ennemi irréconciliable de toute forme d’ « ordre moral » ou de compromis bourgeois, il fait le coup de feu dans lés formations semi-officielles ou clandestines contre les bolchevicks russes, contre les bandes polonaises de Haute-Silésie au moment du plébiscite?1 contre les communistes allemands. Il est partout où l’on se bat Soldat de la patrie allemande, à laquelle il a sacrifié sa vie et même son honneur, il est un franc-tireur, un homme de main, un « réprouvé » que le Gouvernement désavoue en même temps qu’il l’utilise... Et le jeu très complexe des autorités allemandes dans ces temps troublés s’éclaire. Il ne s’agit de rien d’autre que d’un collaborationnisme — « politique d’exécution » comme on disait alors — et Noske, et Rathenau, et les autres pratiquent le double jeu, qui leur paraît la seule attitude efficace permise par les circonstances. Ernst von Salomon ne rend à leurs intentions qu’un hommage vaguement sarcastique : son âme de desperado ne leur pardonne pas cette position, à cause du danger qu’elle fait courir à l’intégrité du moral allemand. Ainsi son ami Kern est-il amené à décider et à commettre l’assassinât de Rathenau : il tue, sans aucune illusion sur l’efficacité de son geste, mais poussé par l’idée d’une sorte de nécessité inconditionnelle 2 il s’agit de couper à jamais l’Allemagne, par un fossé de sang, d’une certaine « bonne volante », d’une forme de « générosité » et de « loyauté » pour laquelle la nation accueillerait en elle (ne fût-ce que pour s’y prêter provisoirement) des sentiments d’apaisement qui lui endormiraient l’âme. Il ne faut pas qu’un modus vivendi puisse s’instituer entre la patrie bafouée et les puissances qui l’écrasent : tant pis pour le grand honnête homme et l’Allemand sincère qu’est Walther Rathenau ! Ernst von Salomon, complice direct du crime, est arrêté quelques mois après : la troisième partie du livre relate ses quatre années de réclusion. Mais ce sont surtout les deux premières qui retiendront l’attention du lecteur français de 1948. On en voit aisément les raisons. Les rapports sont éclatants entre l’Allemagne de 1920 et la France de 1940-1944 : désarroi, veulerie, excès —- réels ou dramatisés — des troupes d’occupation, organisations secrètes, vengeances, délations, héroïsmes, c’est le même film atroce, ce sont les mêmes problèmes, les mêmes antagonismes de devoirs. Il y a quelques tableaux inoubliables, comme le retour de l’armée vaincue, le défilé de ces soldats « qui toujours retombaient au pas cadencé et, comme pris en faute, s’efforçaient de rompre l’alignement » (p. 8). J’ai indiqué plus haut que la situation des autorités de Berlin était très analogue à celle de Vichy. Et les « résistants » allemands sont tantôt les soldats d’une armée secrète — résidu et embryon à la fois d’une force militaire officielle — et tantôt des terroristes qui prennent .à tâche d’intimider les hésitants, de rançonner les possédants, d’établir les réseaux de liaison de soulèvements éventuels, de cacher ou de faire évader les .camarades traqués par les Français ou par la police allemande à leurs ordres, d’abattre à toute occasion les envahisseurs, ainsi que les Rhénans qui servent leur politique. Ce ne serait là pour le livre qu’un douloureux intérêt de curiosité. Mais il y a beaucoup plus : les clartés qu’il jette sur les sources de ce mouvement d’esprit par lequel se fera peu à peu l’ascension puis le triomphe du National-Socialisme. Voilà des hommes de guerre — officiers, étudiants, petits employés,4 ouvriers — qui personnellement n’ont plus (ou n’ont jamais eu) rien à perdre, rien à défendre : quel conservatisme attendre d’eux ? « Nous voulons être des barbares » (p. 153). Ils n’ont que l’Allemagne à sauver.,, pas même : une sorte dfêtre de foi (comme on parle d’ « être de raison ») qui n’a aucun point d’appui dans la réalité politique et 'n’existe que dans la fidélité vide et forcenée qu’ils lui gardent. Il ne s’agit même pas que l’Allemagne continue, mais qu’elle puisse renaître ; et non pas qu’elle soit heureuse, mais qu’elle soit : < Nous ne luttons pas pour que le peuple oit heureux, mais pour lui imposer une destinée » (p. 239). « Nous étions une génération maudite, et nous disions oui à notre destin » (p. 265). C’est le règne de l’idée-force, qui n’est idée que parce qu’elle est force et pour être force, et déployant son rayonnement sans aucun contenu mental et sentimental exprimable — ah ! non ! surtout pas d’idée raisonnable ni idyllique de la patrie ! Une mystique qui n’est rien d’autre que le refus sans nom d’une situation innommable, un refus qui se retourne en forme active. « Pour nous, il ne s’agissait pas de systèmes, d’ordres, de devises et de programmes... Nous n’agissions pas, les choses agissaient en nous ». Une telle parole rend l’écho de la plus pure mystique — on songe à saint Paul : « Ce n’est pas moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » — mais invertie en nihilisme activiste... (13D2)"

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DF00002115
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